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Le trajet vers Nonry leur prit quelques jours, mais se déroula sans incident notable, et ils arrivèrent sans difficulté chez l'ancien ami de Mikaël, qui se trouvait être le duc Nara.

La maison, qui tenait en fait plus du manoir, était située dans le quartier noble de la ville. Elle était grande, mais paraissait aussi vieille et mal entretenue.

Un garde se tenait à l'entrée, derrière la grille.

« Bonjour, salua Mikaël. On peut entrer ?

— Je regrette, Messire, fit le garde. Le duc est occupé, et...

— Mauvaise réponse, coupa Mikaël, souriant.

— C'est à dire que... fit le garde.

— C'est une affaire importante, fit Laërith. Si vous ne nous laissez pas entrer, vous allez au-devant de graves problèmes...

— Euh... Qui dois-je annoncer ?

— Mikaël, répondit Mikaël. Ça suffira, je crois.

— Vous, euh... attendez ici, d'accord ? »

Il entra dans la bâtisse.

« Jolie maison, constata Laërith.

— Mouais, répondit Mikaël.

— Tu n'as pas l'air enchanté de le revoir...

— Ça fait un bail.

— C'est un duc ?

— Ouais.

— Oh. Je ne savais pas que tu fréquentais ce milieu...

— En fait, dit Anaïs, il a été général pendant un moment.

— Mouais... Peu importe », répliqua Mikaël.

Un homme entre deux âges, aux cheveux noirs et longs, habillé de riches vêtements rouges à la mode, sortit du bâtiment et se dirigea vers eux.

« Salut, Mikaël. Entrez donc, nous discuterons à l'intérieur. »

Ils le suivirent.

« Le chat peut entrer ? » demanda Laërith.

Le duc la regarda, amusé.

« Si vous y tenez... »

De l'intérieur, le bâtiment paraissait bien mieux entretenu que de l'extérieur. Les murs et le sol étaient en pierre, avec quelques tapis ou tableaux par-ci par-là.

Ils allèrent dans le salon. Il y avait de confortables fauteuils.

« Je vous en prie, asseyez-vous. Vous voulez quelque chose à boire, peut-être ?

— Je ne suis pas venu pour ça, répondit Mikaël.

— Je m'en doutais un peu. Alors, tu me présentes à tes amis ? Qui est donc le Démon dont tout le monde parle ?

— Tu es déjà au courant ?

— Bien sûr. Meynès nous a prévenu. Ils aimeraient bien vous voir morts.

— C'est moi, le « Démon », répondit Laërith. Vous comptez faire quoi ?

— Enchanté, fit le duc. Et ce chat noir doit être une sorte de familier, je suppose ?

— Non. C'est juste un chat. Vous comptez faire quoi ?

— Que de précipitation ! À vrai dire, je ne sais guère. On devrait vous tuer.

— Non, rétorqua Mikaël. Essayer de nous tuer.

— Certes, répondit le Duc, souriant. Toujours aussi agressif, hein ?

— Écoutez, fit Laërith. Je sais que vous avez des tas de légendes à la con là-dessus, mais je ne suis pas venue ici pour détruire votre monde ou répandre les ténèbres. J'ai des tas de trucs beaucoup plus intéressants à faire.

— Et pourquoi êtes-vous venue ici, alors ?

— Par accident.

— Oh. Écoutez, je ne peux rien décider seul. Il nous faut réunir le conseil...

— Le conseil ? demanda Mikaël. Pourquoi est-ce qu'ils nous laisseraient en paix ?

— Quel conseil ? demanda Laërith.

— Le conseil des nobles de Nonry, répondit le duc. Le roi dirige le pays, mais le conseil des nobles a parfois son mot à dire, notamment en de telles occasions.

— En clair, fit Mikaël, le roi sert de pantin et le conseil contrôle le pays.

— C'est une façon de voir les choses. Enfin, peu importe. Malgré le fait que tu sois parti en claquant la porte, Mikaël, je ne pense pas qu'ils t'en veuillent. Ils pourraient avoir besoin de toi.

— Oh, oui. Bien sûr. Et d'un Démon, et d'un vampire. C'est vrai qu'ils adorent tout ce qui n'est pas humain.

— Depuis quand tu traînes avec des vampires ? demanda le duc, surpris. Je croyais que tu les haïssais ?

— En général, oui. Mais dans le cas particulier qu'est Anaïs, ça reste supportable. »

Anaïs eut un léger sourire.

« D'accord, fit le duc. Reprenons. Il y a eu du changement depuis ton départ. Le conseil est plus... tolérant, maintenant. Ils ne tueront pas quelqu'un d'innocent. Surtout que je ne vois rien qui montrerait que ton amie est un démon, si ?

— Hmmm, répondit Mikaël. Meynès aussi était censé » être un ordre tolérant... Les connaissant, je ne suis pas certain qu'ils cherchent à s'encombrer de preuves. Il se tourna vers Laërith. « C'est toi qui devrais choisir. Tu es la principale concernée.

— Oh, j'ai mon mot à dire, maintenant ? répondit-elle, ironiquement. Je ne sais pas. Je ne connais pas ce monde. Je commence à peine à me faire au fait que je vais peut-être y rester pour l'éternité...

— Personnellement, fit Anaïs, je vois deux solutions : ou bien on va à ce conseil, ou bien on fuit. Mais si on fuit, on sera recherchés dans tout Erekh. Je ne sais pas si c'est une très bonne idée.

— Armand ?

— Eh bien... Je pense que le conseil permettrait de nous réconcilier avec les autorités, non ?

— Très bien, soupira Mikaël. On ira.

— En attendant, je vous offre l'hospitalité, fit le duc. Tu me raconteras tout ce qui t'es arrivé depuis la dernière fois. »


Le conseil avait lieu quatre jours plus tard. Ils mirent ce temps à profit pour se reposer et visiter la ville. L'élément le plus impressionnant était la tour métallique, haute de trois cents mètres, qui était au centre de la cité.

« L'Efaltawar, avait expliqué Mikaël. Elle est le produit de la création divine. Nonry s'est construite autour.

— La création divine ? » avait demandé Laërith, sceptique.

Mikaël avait haussé les épaules.

« Disons que c'est l'hypothèse la plus courante. Elle existe depuis la nuit des temps. Elle est à la fois intrigante et dangereuse. L'accès y est strictement interdit ; seuls les mages de haut niveau ont le droit d'y accéder.

— Pourquoi ?

— Je crois que c'est surtout parce qu'ils veulent garder le coin pour eux... »

Le reste de la ville avait réservé moins de surprises. La ville s'étendait de part et d'autre de la Malsaine, le fleuve qui traversait la ville. Le nom avait probablement été donné à cause de la couleur de l'eau en aval de Nonry — du moins, à condition d'accepter d'appeler ça de l'eau. La cité était divisée en différents quartiers, qui avaient généralement un domaine d'activité favori. Le quartier des nobles constituait l'endroit le plus riche de la ville ; c'est aussi là que se trouvait le palais royal. Le quartier marchand fournissait, en plus d'un semblant de nourriture, tout ce qu'il était possible d'imaginer ou presque ; le reste pouvait sans doute être trouvé dans le quartier nain, à condition d'être métallique. Laërith n'avait pas vraiment été surprise en voyant des nains, étant donné qu'ils correspondaient exactement à tout ce qu'elle avait pu imaginer sur le sujet. Mais l'ensemble casque / cotte de mailles / bottes ferrées / hache était plus impressionnant en vrai. En revanche, elle avait été un peu déçue de ne trouver d'elfes nulle part. Enfin, le Déni était le quartier où on pouvait trouver tout ce qui n'était pas légal, à condition d'être prêt à en payer le prix.

Et les jours, puis les heures, passèrent et l'échéance arriva.


Le conseil eut lieu dans le palais royal. C'était un endroit luxueux, marbré et bien gardé. Il y avait de nombreuses oeuvres d'art, que ce soit des tableaux ou des statues.

Lorsqu'ils arrivèrent dans la salle du conseil, au troisième étage, les nobles étaient déjà en train de discuter. Le duc alla les rejoindre, priant ses compagnons d'attendre à l'écart. Mikaël jeta un coup d'œil aux participants.

« Alors, demanda Laërith, qui est le roi là-dedans ? »

Mikaël désigna un homme relativement jeune, blond aux cheveux courts. Il était beau et musclé.

« C'est lui, répondit-il. Jean de Guymor. Beau, porte bien la couronne et l'épée, et, surtout, facilement manipulable. L'idéal, pour un roi.

— Lui, fit-il en désignant un petit homme âgé aux cheveux blancs et au visage tordu, c'est le comte de Marles. Il aimerait que la ville soit plus sûre. En commençant par bannir les nains, les elfes, et tout ce qui n'est pas humain.

— Je vois le genre, répondit Laërith. On a un peu les mêmes, chez nous. Il y a des elfes, à Nonry ? Je n'en ai pas vus...

— Quelques uns, mais pas beaucoup. Lui, fit-il en désignant un homme corpulent, vêtu de soieries, c'est Sire De Laine. C'est le chef de la guildes des marchands. Sa présence dans le conseil date d'une vieille faveur que l'ancien roi lui devait, mais il n'est pas très apprécié.

— Pourquoi ?

— Il n'est pas de sang » noble. Il montra un homme musclé aux cheveux noirs et courts et aux traits durs. « Lui, c'est le duc de Léhen. C'est un bon combattant, et il a pas mal de bons guerriers. Mais il ne sait pas réfléchir.

— Tu n'as pas l'air de bien t'entendre avec lui...

— Nara est le seul avec qui je m'entends... disons, relativement » bien. Comme tu vois, le conseil a l'air super tolérant. Quand à la dernière, fit-il en montrant une femme aux cheveux bruns et courts, et qui était en grande discussion avec le duc Rana et le roi, « je ne sais pas qui c'est.

— Lucie de Guymor, compléta Anaïs. Cousine du roi. C'était aussi la cousine de ma maîtresse.

— Et elle est au conseil ? Non seulement c'est une femme, mais en plus elle est jeune...

— Ça te gène de voir de jeunes femmes au conseil ? » demanda Laërith avec une pointe d'agressivité.

Mikaël haussa les épaules.

« Ça m'étonne. Ce n'est pas vraiment leur genre, d'habitude.

— Comment est formé le conseil ?

— A la mort, ou l'expulsion, d'un de ses membres, les autres décident qui le remplacera. Ceux qui ont cet honneur viennent ensuite généralement s'installer dans la capitale.

— Et quel est le rôle du roi ?

— Théoriquement, il décide de tout, en prenant compte s'il le désire de ce que raconte le conseil. En pratique, il fait ce que le conseil veut.

— Très démocratique, tout ça, soupira Laërith.

— Tiens, fit Anaïs à Mikaël, tu vas pouvoir lui demander toi-même pourquoi elle est là, elle vient vers nous. »

Lucie de Guymor avait en effet cessé de discuter avec les autres et se dirigeait vers le petit groupe.

« Salut, fit-elle à tout le monde. Ravie de rencontrer le grand chevalier Mikaël. Ça faisait un bail.

— On s'est déjà vus ? demanda Mikaël.

— J'étais plus jeune et vous étiez aussi attentif que de nos jours, mais oui.

— Puis-je vous demander, si ce n'est pas abusé, comment se fait-il qu'une femme aussi jeune que vous fasse partie du conseil ?

— Eh bien, répondit-elle en souriant, il suffit de parler aux bonnes personnes. Enfin, je ne suis pas venue parler de ça. » Elle se tourna vers Laërith. « Alors, vous êtes donc le Démon dont tout le monde parle ? Où sont passées vos ailes ? »

Laërith haussa les épaules.

« Elles m'encombraient.

— Je comprends. S'habiller ne doit pas être très facile, dans ces conditions.

— Je n'ai pas l'impression qu'elles aient été conçues pour, en effet. Mais vous n'êtes pas venue me parler de mes ailes, mademoiselle Guymor... Ou dois-je dire votre seigneurie » ?

« Sa seigneurie » secoua la tête.

« Lucie, ça suffira. Et vous avez raison, je serais ravie de pouvoir discuter avec vous de votre... nature, mais je venais surtout vous dire que votre « procès » va bientôt commencer. Vous allez d'abord raconter l'histoire, puis répondre à des questions. Je pense qu'ils vont interroger un peu tout le monde... Faites attention à ce que vous dites, mais n'en faites pas trop non plus. Si vous montrez des hésitations, des sentiments humains, ça pourrait peut-être vous aider.

— Euh... Merci, répondit Laërith. Mais pourquoi nous aider ?

— J'aimerais bien faire plus ample connaissance avec une créature « maléfique » dont tout le monde parle tant, et cela risque d'être plus difficile si vous êtes morte. Et un petit conseil ne me coûte pas grand chose.

— Mais... je veux dire, vous ne pouvez pas savoir si je suis vraiment maléfique ou pas ? »

Lucie haussa les épaules.

« On ne m'a pas reporté de crimes affreux, et vous avez l'air d'avoir la confiance de Mikaël et d'Anaïs, et...

— Vous vous souvenez de moi ? coupa Anaïs.

— Bien sûr. D'ailleurs, il faudra que tu m'expliques comment tu as fait pour t'en sortir ? Je croyais que ma chère cousine était tombée dans un traquenard, et toi avec...

— Je ne m'en suis *pas » sortie.

— Oh.* Elle la regarda de plus près. « Je vois. Et tu te promènes en plein jour ? »

Anaïs haussa les épaules.

« Avec une capuche, les histoires de soleil, c'est surtout psychologique.

— Et un peu dermatologique, tout de même, ajouta Laërith en montrant les plaques rouges sur le visage de la vampire.

— Voilà. Et puis, nous sommes beaucoup moins puissants en plein jour, mais pour se déplacer, ça reste suffisant.

— Vraiment ? Bon, je crois qu'il est temps d'y aller. »

Ils entrèrent dans la salle.

Les « interrogés » se placèrent au fond, et s'assirent. Le conseil leur fit face, avec le roi au milieu. Deux gardes se tenaient de part et d'autre du roi.

« Allez-y » ordonna le roi.

Laërith leur raconta ce qui leur était arrivé, pratiquement sans être interrompue. Lorsque ce fut fini, il y eut un petit moment de silence, que Lucie interrompit.

« Et vous, vous considérez-vous comme, disons maléfique » ? demanda-t-elle, en souriant.

Laërith réfléchit un moment. En temps normal, elle aurait répondu oui, surtout parce que pour un Démon, il était mal vu de ne pas être maléfique. Mais dans le cas présent, ce n'était peut-être pas une très bonne idée.

« Je ne sais pas... Ça dépend de ce qu'on appelle le mal, je suppose. Mais, enfin... pas trop, je dirais.

— Et vous, Mikaël ? Vous en pensez quoi ?

— Si elle est maléfique, alors je ne vois pas grand monde sur Erekh qui pourrait ne pas l'être.

— Je crois, fit le Duc Nara, que son innocence ne fait aucun doute. Elle n'a fait de mal à personne.

— Aucun doute ? fit le Comte de Marles. C'est un *Démon ». Même si elle le voulait, elle ne pourrait pas faire le bien. Quand aux soi-disant témoins, ce sont deux inconnus et un déserteur.

— Je préfère être un déserteur qu'un assassin, cracha Mikaël.

— Il parait évident, fit le Duc de Léhen, que Mikaël a oublié les intérêts d'Erekh depuis bien longtemps. Nous ne pouvons pas risquer l'avenir de ce pays parce que les charmes d'un Démon qui joue la comédie lui ont fait tourner la tête.

— Je crois, fit Sire de Laine, que c'est au roi et à lui seul de décider.*

Tous se tournèrent vers le roi. Celui-ci parut réfléchir quelques instants, puis prononça son jugement.

« C'est un Démon, et nous ne pouvons prendre le risque de la garder en vie.

— Plutôt tuer un innocent que risquer d'utiliser son cerveau, hein ? cracha Mikaël.

— Je ne vous permets pas ! J'ai rendu mon jugement. Gardes, saisissez vous d'elle ! »

Les deux gardes approchèrent.

Mikaël dégaina son épée.

Les deux gardes s'immobilisèrent, le fixèrent, puis se tournèrent vers le roi, l'interrogeant du regard.

« Ne faites pas l'idiot, Mikaël » dit le roi.

Quatre autres gardes, qui devaient attendre en dehors de la salle, entrèrent à ce moment. Deux portaient des arbalètes.

Mikaël tenta d'évaluer leurs chances. Il connaissait la réputation de la garde royale. Ça allait être serré.

Il se tourna vers Anaïs et Armand.

« Je ne la laisserai pas tomber. Mais vous, vous pouvez encore fuir.

— Je reste, fit Armand.

— Comme vous voulez, fit le roi. C'est comme si vous étiez déjà morts !

— Je suis » déjà morte répondit Anaïs, avec un sourire étrange.

« Tirez ! » ordonna le roi.

Les deux gardes qui avaient une arbalète visèrent.

« Non ! » cria Lucie.

Elle se précipita sur l'un d'entre eux, mais ne parvint à dévier l'arbalète que trop tard. Le carreau était déjà parti.

Dans un mouvement flou, Mikaël esquiva le carreau qui lui était destiné. Ce ne fut pas le cas de Laërith, qui reçut le sien en plein coeur.

Tous les regards se tournèrent vers elle. Le temps parut s'arrêter. Du sang coula le long de sa bouche.

Elle regarda le morceau de bois qui sortait de son cœur, et le saisit à deux mains.

Puis elle releva la tête. Quelque chose avait changé dans son regard. Et elle souriait. Elle enleva le carreau, et le laissa tomber au sol.

Les deux gardes rechargèrent leurs arbalètes.

Elle déploya ses ailes. Ce n'était plus de petites ailes translucides. C'était de grandes ailes totalement noires ; non pas parce que leur texture était noire, mais parce qu'elles absorbaient toute lumière. Elles n'étaient pas physiques. Elles passaient à travers la table sans que cela ne paraisse les affecter.

Les deux gardes tirèrent. Les carreaux prirent feu et se consumèrent totalement avant de l'atteindre.

« Mais qu'est-ce que vous attendez ? demanda le roi, paniqué. Attaquez ! »

Elle leva le bras. Le roi fut plaqué contre le mur, à une vingtaine de centimètres du sol. Sa peau commençait à se consumer.

« Arghl, fit-il.

— Arrête » ordonna Mikaël.

Il se plaça devant elle.

« Pourquoi ? demanda-t-elle d'une voix rauque. Lui voulait bien nous tuer, non ?

— Ce n'est pas une raison.

— Pour moi, c'en est une.

— Qu'est-ce qui te prend ?

— Qu'est-ce qu'il me prend ? Il me prend que je commence à en avoir marre » que des connards dans son genre domine le monde. Les choses vont changer.

Mikaël la regarda dans les yeux.

« Alors c'est *ça », ta vraie nature ?

— Tu es avec moi ? cracha-t-elle. Ou contre moi ?*

Il soupira. Il n'aimait vraiment pas son regard.

« Calme-toi, d'accord ? Laisse-le.

— Me calmer ? hurla-t-elle. Ils essaient de me tuer, et tu me demandes de me calmer ? Ils contrôlent le pays en se moquant totalement de ce qui arrivent aux gens, ils ne s'intéressent qu'à leur *pouvoir », et tu me demandes de me calmer ?! Écarte-toi !

— Non, répliqua Mikaël, sans bouger. Je ne peux pas te laisser faire ça.

— Alors, va au diable !*

Elle tendit la main, et il fut projeté contre un mur. Mais il se redressa, et se saisit de son épée.

« Qu'est-ce que tu espères ? demanda-t-elle. Tu ne peux rien contre moi ! »

Il se précipita vers elle, mais il n'eut pas le temps de l'atteindre. Elle fit un geste de la main vers lui, et il fut projeté violemment à travers la fenêtre.

« Mikaël ! hurla Anaïs, et elle sauta à sa poursuite.

— Où en étions nous ? reprit Laërith. Ah, oui, le roi. »

Elle claqua des doigts. Le roi s'embrasa en hurlant. Le comte de Marles se glissa discrètement vers la porte et détala, bientôt suivi par les autres membres du conseil et les gardes. Seuls restèrent dans la salle Armand et Lucie.

« Qu'est-ce qui te prend ? » demanda cette dernière.

Laërith lui jeta un air mauvais.

« Tu ne fuis pas ? Tu ne tiens pas à la vie ?

— Fuir ? Tu as le pouvoir de me tuer, de toutes façons. Voilà, ça y est. Tu as le *pouvoir ». C'est ce que tu voulais ?

— Je... je ne sais pas...

— Tu as tué Mikaël ! cria Armand.

— Tais-toi !*

Elle leva la main. Armand s'écroula en arrière, inconscient.

« On dirait que la prophétie se réalise, fit Lucie, avec un regard sombre.

— Je ne crois pas aux prophéties ! cracha Laërith.

— Vraiment ? fit Lucie. Peut-être qu'elle croit en toi, alors. Voilà venu le temps des ténèbres et du chaos...

— Je... tais-toi ! »

Lucie se retourna vers Laërith, avec un léger sourire.

« D'un autre côté, ça ne pourra pas être pire » que ce qu'il y avait avant, j'imagine...


Anaïs s'approcha de Mikaël. Celui-ci gisait au sol, gravement blessé. Elle s'accroupit à côté de lui.

« Mikaël... Accroche toi...

— Anaïs... C'est gentil... de venir me dire au revoir... »

Une larme coula le long de la joue de la jeune fille.

« Non ! Tu... tu vas t'en tirer !

— Ne dis pas de bêtises... »

Il toussa, et cracha du sang.

« Tu veux que je t'avoue... quelque chose ? Je crois que si j'ai combattu autant tous ces... vampires... et tout le reste... Ce n'était pas tant pour les exterminer... Que pour chercher à mourir... »

Il se mit à rire doucement.

« Je crois... que j'ai obtenu... ce que je voulais... finalement.

— Et moi ? demanda Anaïs.

— Quoi ?

— Laërith t'a trahi... Tu hais ce monde... Mais moi ? Je vais devenir quoi ? Tu me laisses seule ?

— Je... crois... que je n'ai pas... le choix...

— Laisse moi au moins t'embrasser... »

Elle se pencha. Ils s'embrassèrent.

Et Mikaël mourut.


Et c'est ainsi que la Prophétie se réalisa. Le Démon apporta le chaos et la destruction sur Erekh.

Les Prophéties se réalisent toujours.

Pas toujours comme on les attend, cela dit.