Les deux chevaux s'arrêtèrent. Armand descendit, puis, avec Mikaël, il aida Laërith à descendre à son tour. Ils se trouvaient dans une clairière. Le soleil était en train de se coucher.
Mikaël commença à faire un feu et sortit un peu de nourriture. Puis les trois s'assirent autour de la flamme et commencèrent à manger en silence. Laërith caressait le chat, pensivement.
Mikaël prit la parole en premier.
« Laërith, je me demandais quelque chose ?
— Quoi ?
— Pourquoi nous as-tu rejoins ? »
La jeune fille haussa les épaules.
« Moi, toute seule dans un monde que je ne connais pas, avec un village entier qui cherche à me brûler ? Non, merci, sans façons.
— Oui mais... Comment as-tu fait pour disparaître ?
— Petit talent démoniaque.
— Tu aurais pu t'en servir avant, alors ? Pour t'évader ?
— Oui. Mais j'aurais plutôt crocheté la serrure, c'est moins fatigant.
— Pourquoi tu ne l'as pas fait ?
— Je te l'ai dit. Je ne connais rien à ce monde. Et puis finalement, j'ai une dette envers toi.
— Pourquoi ? Parce que je ne t'ai pas tué ?
— Non. C'est pareil, j'aurais pu disparaître. *Sûrement. » Parce que tu m'as libérée.
— Je ne comprend pas...
— Quand le... « prêtre », ou l'« invocateur », appelle-le comme tu veux, m'a invoqué dans le pentacle, il me contrôlait. Il pouvait me faire faire tout ce qu'il désirait. Enfin, sûrement. C'est de ça que tu m'as libérée.
— Je vois.
— C'est bien joli, tout ça, mais on fait quoi, maintenant ? demanda Armand.
— On va à Meynès. Ils sauront s'occuper de son cas.*
La jeune fille soupira.
« Probablement en dressant un bûcher.
— Tu te trompes. C'est un ordre très tolérant.
— Oh. Très bien, alors. Mais pourquoi as-tu besoin qu'ils décident de ce qu'il faut faire ? Je veux dire, tu peux prendre la décision toi-même, non ? Tu ne me fais toujours pas confiance ? »
Mikaël soupira.
« Je ne sais pas. Tu as peut-être d'autres motivations. J'ai appris qu'on ne pouvait pas faire confiance aux créatures maléfiques.
— Aux créatures maléfiques en général, je n'en sais rien, mais dans mon cas particulier, tu pourrais », répondit-elle, vexée.
Il y eut un long silence. Mikaël s'écarta un peu et s'allongea sur le sol.
Au bout d'un moment, Armand prit la parole.
« Il est marrant, ce chat, fit-il. Vous l'avez trouvé où ? »
Laërith tourna la tête.
« Quand je fuyais. Il est mignon, non ? »
Armand regarda le gros félin qui était en train de dormir. Il semblait arborer un sourire narquois.
« On dit que les chats noirs portent malheur, répondit-il, pensif.
— Et que dit-on sur les ailes noires ? » demande Laërith.
Armand se tourna vers la jeune fille.
« Je ne sais pas. Je peux les voir ?
— Ça ne me parait pas trop indécent. »
Elle enleva sa cape et révéla ses deux petites ailes.
Armand s'approcha d'elle.
« Je peux toucher ?
— Ne te gène pas. Je ne sens rien à cet endroit. Tu pourrais faire un trou dedans, je ne le sentirais même pas. »
Il caressa légèrement l'aile gauche.
« C'est... marrant, comme texture.
— Oh oui. C'est très *marrant » à porter aussi.
— Euh... Vous pouvez voler, avec ça ?*
Elle éclata de rire.
« Tu rigoles ? Je crois que c'est juste fait pour faire joli. À condition d'avoir des goûts un peu bizarres. » Elle haussa les épaules. « J'imagine que ça doit être pour montrer que je suis un Démon. Au fait, il n'y a rien d'autre de typiquement Démoniaque que je n'aurais pas remarqué ?
— Euh... Je ne comprend pas.
— Ben, il y a les ailes, et les dents, je ne sais pas, j'ai peut-être autre chose. Des sabots. Des griffes. Des yeux rouges. Un truc que je n'aurais pas remarqué. »
Armand la dévisagea.
« Euh... non, je ne crois pas. Peut-être les yeux. »
Elle soupira.
« Ils sont rouges ?
— Non. Verts. Mais, je ne sais pas, ils ont l'air un peu... bizarres. »
Elle sourit.
« Au moins, c'est leur couleur normale. Donc, il n'y a que les ailes et les dents qui sont démoniaques ».
Elle soupira.
« Je suppose que vous avez des tas de créatures fantastiques, dans ce pays ? Des dragons, des elfes, des nains, et tout ce qui va avec ? »
Armand la regarda, d'un air surpris.
« Eh bien... Ils ne sont pas très courants. Les dragons sont rares, les nains vivent plus à l'ouest, même si on en voit quelques uns dans les villes, et les elfes restent dans leurs forêts. »
Laërith soupira.
« Je crois que je vais avoir du mal à me faire à ce monde. »
Elle eut un sourire triste.
« Enfin, je ne m'étais jamais vraiment fait à l'autre », non plus.
Le soleil se couchait sur l'imposante cathédrale de Meynès. Comme elle surplombait un ravin sur son flanc ouest, le résultat était assez spectaculaire.
Mikaël, Armand et Laërith descendirent de leurs chevaux. Armand s'extasia devant la beauté de la vue.
« Alors, c'est donc ça, la cathédrale de Meynès. Je n'avais jamais eu la chance d'y aller. »
Laërith était moins enthousiaste.
« Il commence à faire froid, ici. »
Elle jeta un coup d'oeil à la cathédrale, puis se tourna vers Mikaël.
« Tu es sûr de vouloir me faire rentrer là-dedans ?
— Oui.
— Généralement, les Démons ne peuvent pas trop rentrer dans les églises. Alors, les cathédrales...
— Celle-ci est dédiée à Notre Dame de Meynès. Elle est tolérante et...
— Si tu le dis, coupa Laërith, qui n'avait pas envie d'entendre un exposé là-dessus. Allons-y. »
« Tu vois ? fit Mikaël. Tu es encore en vie. »
Laërith contempla l'intérieur de la cathédrale. Elle n'avait jamais eu l'occasion d'en visiter beaucoup, mais elle était à peu près persuadée que celle-ci était spéciale. En premier lieu, parce qu'elle avait pu y entrer. En second, parce que ses sous-sols étaient remplis de couloirs. Elle s'étendait sur plusieurs étages souterrains, et des fenêtres percées dans la falaise permettaient de contempler la forêt qui s'étendait en dessous.
« Pour l'instant, oui. Charmant endroit. Vous faites quoi, ici, exactement ?
— C'est le quartier général de l'ordre de Meynès. Nous pouvons vivre en autarcie.
— Oh. Mais vous y faites quoi ? » répéta-elle.
Mikaël haussa les épaules.
« De la prière. De l'entraînement, pour les guerriers. Et tout ça. »
Il aperçut l'évêque Crowney, au bout du couloir.
« Bonsoir Monsieur, fit-il.
— Mikaël, vous êtes revenu. Alors, comment cela s'est-il passé ?
— Plutôt bien, Monsieur. Mais avant de vous faire mon rapport, je voudrais vous présenter Armand. Il voudrait rejoindre nos rangs. »
Armand salua l'évêque. Celui-ci sourit.
« Très bien, répondit-il. Suis le couloir, tourne à gauche, troisième porte à droite et présente toi au père Matthieu, d'accord ? »
Armand hocha la tête et partit.
« Et qui est donc cette demoiselle ? Je ne voudrais pas jouer au pudibond, mais je trouve votre robe un peu courte. »
Mikaël sourit.
« Serait-il possible d'aller en parler dans un endroit plus discret ?
— Mais bien sûr. Il y a mon bureau, suivez-moi. »
Le bureau de l'évêque n'était pas très large, et il était difficile d'y tenir à trois. Des tas de papiers traînaient sur la table, dans un désordre apparent.
L'évêque se gratta le crâne, d'un air pensif.
« Alors, cette demoiselle serait un Démon ?
— Oui, Monsieur. Laërith, tu peux enlever la cape, s'il te plaît ? »
Elle hocha la tête et s'exécuta, révélant ses ailes.
« Hmmm. Je vois.
— Et que comptez vous faire, Monsieur ?
— Que faire ? Et bien, d'après ce que vous m'avez dit, elle a l'air parfaitement innocente. Nous n'allons pas l'inculper pour deux ailes dans le dos. »
Laërith fut surprise de cette réaction. Elle s'attendait plutôt à quelque chose comme « Vade Retro Satanas ! Où Diable ai-je bien pu ranger ma torche et ma fourche ? »
« Nous allons vous héberger autant que vous le désirerez, d'accord ? J'imagine que vous devez avoir faim. » Il jeta un nouveau coup d'oeil à la jeune fille. « Mais, avant cela, on va vous trouver des vêtements corrects. Suivez moi, Mademoiselle. À tout de suite, Mikaël.
— Je vais peut-être vous accompagner ?
— Non, Mikaël, j'aimerais que vous écriviez un rapport. C'est un cas fort intéressant, et il faudrait au plus vite que je puisse l'envoyer au cardinal. Nous repasserons ici dans une dizaine de minutes. »
Après quoi, ils sortirent tous deux de la salle.
L'évêque fit entrer la jeune fille dans la pièce et referma la lourde porte derrière lui.
Laërith parut hésiter.
« Heu... Je doute qu'on trouve des vêtements ici... »
En effet, la pièce était assez étroite, froide. Il n'y avait pas de fenêtres. Et elle se demandait à quoi pouvait bien servir ces chaînes au mur.
Enfin, elle ne se le demanda pas bien longtemps. Un homme aux cheveux courts, grand et musclé, se trouvait dans la salle, en train de nettoyer un objet pointu. Une sorte d'aiguille. Et la couleur rouge du chiffon n'avait pas l'air d'être due à de la sauce tomate.
Elle avait peut-être encore l'esprit embrumé par son séjour entre les mondes, mais il n'était pas bien difficile de savoir à quoi servait ce matériel.
« Euh... reprit Laërith. C'est quoi, cet endroit ? »
Elle sentit un coup derrière sa tête, et perdit connaissance.
L'évêque finit par revenir. Mikaël commençait à s'impatienter.
« Alors Mikaël, vous avez fini ce rapport ?
— Oui... Où est Laërith ? »
Crowney leva les yeux au ciel.
« Vous savez ce que c'est que les femmes, il leur faut trois heures pour se changer... Venez, je vais vous conduire à elle. »
Mikaël le suivit. Ils finirent par arriver à la porte d'une petite salle.
« Elle est à l'intérieur. Allez-y, je crois qu'elle vous attend. »
Mikaël jeta un coup d'oeil à la salle.
« Vous ne venez pas, monsieur ?
— Il faut que j'aille demander à un messager d'envoyer ce rapport. Entrez donc. »
Mikaël jeta un coup d'oeil à la porte.
« Pourquoi cette porte a-t-elle un verrou à l'extérieur ? À quoi vous jouez ? »
Crowney soupira, et sortit une épée de sous sa robe de prêtre.
« J'aurais préféré que vous ne posiez pas de questions, Mikaël. Entrez, maintenant. »
Mikaël soupira. Il avait posé ses armes en arrivant dans la cathédrale.
« Allez vous faire foutre, Monsieur. » répliqua-t-il, sans bouger.
Deux hommes vinrent se positionner derrière Crowney.
« Enfermez-le là dedans. » leur demanda ce dernier.
Mikaël évalua ses adversaires. Ils étaient deux, et armés.
« Pourquoi ? demanda Mikaël.
— Vous avez collaboré avec un Démon.
— Je vois. » répondit Mikaël, d'un air triste.
Et il entra dans la pièce.
Armand était en train de discuter avec un vieil homme, qui se chargeait de la prise en charge des nouveaux venus, lorsque deux hommes entrèrent dans la pièce. Ils se placèrent chacun d'un côté de lui.
« Veuillez nous suivre, s'il vous plaît. »
Armand leva la tête. Ils avaient trente centimètres de plus que lui.
« Pourquoi ?
— Ordre de l'évêque. »
Ils l'attrapèrent.
Il donna un coup de coude, parvint à se libérer, roula, et courut aussi vite qu'il le pouvait, sans savoir trop où aller, poursuivi par deux gardes armés.
Et merde. Il se trouvait dans un cul de sac. La seule issue était la fenêtre. Qui donnait sur un à pic d'une centaine de mètres.
Il se retourna, et aperçut les gardes qui arrivaient.
D'un coup de coude, il brisa la vitre.
Lorsque Laërith se réveilla, elle se trouvait allongée. Ses poings, comme ses chevilles, étaient attachées à des chaînes. Elle tenta cependant de bouger un peu, sans grand succès. L'homme qu'elle avait vu auparavant était en train de préparer quelque chose.
« Que... que faites-vous ?
— Je fais chauffer l'aiguille. » répondit celui-ci sur le ton de la conversation. « Je vais vous exorciser.
— M'exorciser ? » Elle soupira. « Mais c'est stupide, je suis un Démon! Ce n'est pas comme si j'habitais le corps d'un autre...
— Dans ce cas, je vais détruire votre âme.
— Vous y croyez vraiment ?
— Pour être honnête, je fais surtout ça parce que j'aime l'effet que produit une aiguille chauffée à blanc dans certaines parties sensibles du corps.
— Vraiment ? »
La voix paraissait s'être rapprochée. Il se retourna et reçut en pleine tête le poing de la jeune fille. Il en lâcha l'aiguille, qui roula sur la table. Elle lui attrapa l'autre bras, le lui tordit, et immobilisa l'homme. Puis elle attrapa l'aiguille à mains nues. L'homme sentit l'odeur de chair brûlée, mais cela ne semblait pas gêner la jeune fille. Elle dirigea l'aiguille vers l'oeil de l'homme, qui essayait désespérément de s'en écarter.
« Une raison, cracha Laërith. Donne moi *une » raison de ne pas contempler l'effet que produit une aiguille chauffé à blanc dans certaines parties sensibles du corps.
— Glurps.
— Alors ?
— Je... J'ai une femme et trois enfants.*
Laërith hésita quelques instants. L'argument ne lui semblait pas terrible, surtout qu'elle ne pensait pas que le triste sire était forcément un bienfait pour sa femme et ses enfant. Malgré tout, elle finit par lâcher l'aiguille.
« Chiotte, jura-t-elle. Des fois, juste des fois, j'aimerais bien ne pas être aussi gentille. »
Le garde referma la porte derrière Mikaël. Mais, avant qu'il n'ait placé le loquet, il se sentit repoussé. Le second garde s'approcha, et donna un coup d'épée. Mikaël esquiva, lui tordit le bras et prit l'arme, avant de la placer sous la gorge de son adversaire. Crowney et l'autre garde pointèrent leurs épées vers lui, mais n'osèrent approcher.
« Vous n'irez pas loin, Mikaël. Et à l'heure qu'il est, la diablesse doit déjà être morte.
— Vraiment ? »
Il commençait à s'éloigner, en tenant toujours le garde en otage. Puis il le poussa sur les deux autres, et s'enfuit en courant.
Armand déchira en vitesse deux morceaux de sa chemise, se les enroula autour des mains et ramassa les deux plus gros morceaux de verre.
Puis il regarda les gardes qui approchaient.
Ils ricanèrent en voyant son arme de fortune.
« Rends toi, gamin. On veut juste t'interroger.
— Vraiment ? Et Mikaël ? Et Laërith ?
— Je n'en sais rien. L'évêque nous a juste demandé de t'enfermer.
— Et vous allez suivre ses ordres ?
— Tu crois pouvoir nous échapper ? »
Les deux gardes barraient la voie. Il n'avait aucune chance de pouvoir passer.
Il s'élança quand même, et plongea entre les deux gardes. Par miracle, il parvint à éviter les deux lames, Mais il se trouvait maintenant agenouillé entre ses deux adversaires. Ils se préparaient à frapper à nouveau, mais sentirent un morceau de verre s'enfoncer dans leurs avant-bras. Armand profita de ce bref répit pour s'enfuir.
Laërith replaça sa cape et sortit silencieusement. Elle regarda autour d'elle et entendit des bruits de pas. Elle aperçut Armand courir vers elle.
« Armand ? ça va ?
— Oui. Où est Mikaël ? »
Ils entendirent des bruits de pas. Apparemment, leurs ennemis étaient nombreux.
« Je ne sais pas. Viens, vite ! »
Ils coururent, gravirent des escaliers et débouchèrent dans la salle principale. Mikaël apparut aussi, par une autre porte.
Ils se regroupèrent.
« Je crois qu'on va avoir du mal à s'enfuir, remarqua Mikaël. Ils sont trop nombreux.
— Courez ! cria Laërith. Allez vous en, je vais les distraire un peu.
— Mais... répliqua Mikaël.
— Je vous retrouverai dehors. Fais-moi confiance. Allez-vous en ! »
Mikaël et Armand détalèrent.
Les gardes s'approchèrent d'elle, formant un cercle de plus en plus réduit. Certains avaient des arbalètes. Laërith ne s'amusa pas à les compter. De toutes façons, ils étaient trop nombreux.
Maintenant, il s'agissait de gagner du temps.
Elle fit face à ses assaillants. Ils n'osaient pas véritablement attaquer ; la plupart se contentaient d'avoir dégainé leurs épées. Elle se déplaça en pas chassés vers sa droite, longeant le mur.
Tant qu'ils ne se décidaient pas à attaquer, tout allait bien.
Un carreau d'arbalète partit. Elle parvint à rouler au sol, l'esquivant de justesse. Elle se releva immédiatement, mais ses adversaires en avaient déjà profité pour s'avancer dangereusement.
Elle décida qu'il était temps d'avoir une bonne idée, et vite.
Mikaël et Armand avaient atteint leurs chevaux et étaient en train de monter dessus lorsqu'ils entendirent un bruit de verre brisé. Ils se retournèrent pour apercevoir Laërith retomber parmi les morceaux du vitrail. Elle chuta de dix mètres, mais se releva apparemment indemne, et courut vers les deux hommes.
Derrière elle, trois combattants tentèrent de la rattraper, mais elle parvint à les distancer.
Laërith réussit à monter sur le cheval d'Armand, et ils prirent la fuite. Un carreau siffla à l'oreille de Mikaël, mais leurs poursuivants abandonnèrent rapidement en voyant qu'ils se dirigeaient vers une forêt sombre, menaçante, et où les graviers avaient laissé place à la neige.
« Merde, fit Laërith, on a oublié le chat. »
La nuit était tombée. Les trois fugitifs avaient fait un feu dans une petite clairière, et avaient réussi à trouver un coin qui n'était pas trop enneigé.
« Heu... fit Armand. Je me posais une question...
— Quoi ?
— Et bien, pourquoi nous ont-ils laissé fuir ? »
Mikaël soupira.
« Cette forêt n'est plus leur territoire. Nous entrons dans la Transie Vanille.
— La quoi ? demanda Laërith.
— La Transie Vanille. Une contrée maléfique.
— Pourquoi ?
— C'est là que se trouvent bon nombre de vampires. Mais là, c'est différent : ils sont les seigneurs. Les humains ne leur servent que de... nourriture. Et on dit qu'ils sont plus puissants, ici.
— Pourquoi ne pas leur déclarer la guerre ? demanda Armand.
— Parce qu'ils sont puissants. Ils ont signé un pacte de non agression avec le reste d'Erekh.
— C'est pour ça qu'ils ne nous suivent pas ?
— Ouais. Et aussi parce qu'ils ont peur, j'imagine.
— Et on fait quoi, maintenant ?
— On traverse. En partant vers l'ouest, on devrait pouvoir en sortir, et rejoindre ensuite la capitale. J'ai un ami, là bas, qui pourra peut-être nous aider. En attendant, je vais aller essayer de trouver quelque chose à manger.
— J'imagine qu'il n'y a pas de kebabs dans le coin ? » demanda Laërith.
Les deux hommes la dévisagèrent, stupéfaits.
« Ouais, soupira-t-elle. Je n'y croyais pas trop. »